Ainsi donc Johnny Hallyday
s’en est allé.
Que l’on apprécie ou pas ses chansons, on ne peut que respecter un artiste qui a su rester aussi longtemps – 57 ans – au sommet. Belle longévité à l’heure où, dans le monde du show-biz comme ailleurs, les modes se font et se défont de plus en plus vite.
D’ailleurs, les ressorts de la pérennité du chanteur et d’une entreprise ne sont-ils pas les mêmes ?
Dans les deux cas on trouve :
• Une offre forte différenciée : un mélange de souffrance et d’espoir, de rébellion et de gentillesse, servi par une voix reconnaissable entre toutes.
• Un positionnement cohérent avec son ADN et son histoire : ceux d’un gamin abandonné par son père et élevé par sa tante, d’un enfant de la balle dont le nom d’artiste de ses cousines Desta et Menen, inspirera – à une faute d’orthographe près – son pseudonyme, et qui connaitra le succès dans le Paris des Trente Glorieuses.
Comme toute bonne offre, celle-ci est d’ailleurs très segmentante. En effet, les hommages aujourd’hui unanimes, ne doivent pas nous faire oublier qu’à ses débuts, Johnny, s’il était adulé par les jeunes, était conspué et contesté par les adultes et la France conservatrice de l’époque, et que son succès populaire a souvent été regardé de haut par une partie de l’élite intellectuelle française.
• La faculté, enfin, à surfer sur les courants porteurs et à embrasser les évolutions sociologiques. S’il a percé en tant « qu’idole des jeunes » en popularisant le Rock’n Roll auprès des adolescents français, il a su intégrer beaucoup de styles musicaux : Rythm’n Blues, Rock contestataire, Pop, Country, Variétés… De Jil et Jan à Miossec, en passant par Etienne Roda-Gil, Michel Berger ou Jean-Jacques Goldman, il a toujours su choisir ses paroliers pour rester dans – voire pour anticiper – l’air du temps.
Être soi-même tout en sachant être en harmonie avec son environnement, tels sont les ingrédients du succès de Johnny et de nombreuses entreprises qui, elles aussi, traversent le temps.
Chapeau l’Artiste !