Les faits sont connus des spécialistes depuis longtemps et se diffusent de plus en plus largement dans toutes les strates de l’entreprise à la faveur des formations en communication et des coachings divers et variés :
- Bien souvent nous ne raisonnons pas par rapport à des faits, mais par rapport à la représentation ou à la perception que nous en avons.
- C’est le récepteur qui fait le message et non l’émetteur. Entrer en relation avec quelqu’un suppose donc de partir de son état d’esprit, de ses représentations et d’intégrer ses perceptions.
Prendre en compte le point de vue de l’interlocuteur est la base du dialogue et délivrer un message en étant en « priorité à l’émission » ne sert à rien, il ne sera pas compris ni même entendu.
Ces éléments constituent la base de la communication et sont, à ce titre, fondamentaux.
Pourtant j’observe de plus en plus fréquemment une dérive pour le moins inquiétante – et si j’en crois mes relations en situation de management, je suis loin d’être le seul.
Le dialogue supposant d’être (au moins) deux, le bon sens voudrait en effet, qu’une fois sa perception exprimée et alors que vous en avez « accusé réception », votre interlocuteur se mette, lui aussi, à l’écoute de la vôtre afin d’arriver à un échange, un enrichissement voire – éventuellement – à une convergence.
La perception devient l’équivalent du « maison magique ! » clamé par nos enfants lorsque, dans leurs jeux, ils sont menacés par le loup ou le chat :
l’argument ultime et indépassable qui protège de tout.
Mais qui peut prétendre que sa perception est complète et non dénuée de biais ? Cette posture revient à se mettre dans la situation de l’un des aveugles observant un éléphant (voir cet article) : être condamné à n’avoir qu’une vision partielle ou tronquée d’un phénomène ou d’un évènement. Et surtout, comment construire et s’aligner sur ces bases ? Sans échange de point de vue aucune issue hormis le conflit !
À ce rythme-là c’est […] une « archipellisation » des pensées qui nous guette.
Jérôme Fourquet observait dans son avant-dernier livre « l’Archipel Français » le morcellement de notre société, du fait de modes de vie de plus en plus divergents entre les différents groupes sociaux qui la compose.
Force est de constater qu’à ce rythme-là c’est aussi une « archipellisation » des pensées qui nous guette, voire une forme de « wokisme managérial » où l’on ne pourra plus échanger qu’avec les seules personnes partageant les mêmes points de vue !
« Belles » perspectives !