La dialectique du cerf-volant

« Heureux qui peut savoir l’origine des choses » écrivait Virgile. La formule se prête aussi aux entreprises. Pourtant, et malgré leur bonne volonté, on observe qu’elles sont souvent moins à l’identification de leur ADN qu’à imiter la concurrence, qu’à arpenter le marché pour y dénicher les leviers de leur pérennité. Dans une logique de survie – en réaction à – plus qu’une logique de vie – à savoir croître selon son essence propre. Je me définis par rapport à l’autre plutôt qu’à partir de moi-même.

Avoir l’audace d’être soi, c’est la condition préalable pour trouver son identité. Une identité qui reste une quête, et dont l’approfondissement permet d’advenir davantage. Plus j’étends profondément mes racines, plus je peux déployer mes branches.

Le potentiel de créativité que confère une identité authentique – car établie sur son origine – est absolument essentiel. De lui découle l’offre identitaire, i.e. la proposition de valeur propre à l’entreprise.

Davantage que des mots, l’identité est donc un principe actif : elle doit vivre. Elle s’enracine dans la personnalité du fondateur qui anime l’entreprise (de « anima », l’âme) et s’enrichit de la communauté des collaborateurs. Elle éclot en un regard original sur le marché qui définit un terrain de jeu clair sur lequel s’épanouit sa singularité. Elle est bourgeonnante de nouvelles opportunités.

« Heureux qui peut savoir l’origine des choses ».

De génération en génération est transmis le fil d’Ariane identitaire. Il ne s’agit pas cependant de le « figer ». La pérennité est affaire de dialogue entre l’offre identitaire et les courants porteurs – ces tendances de fonds bien souvent sociétales – qui structurent les marchés.

Comme un cerf-volant, elle recherche sans cesse les vents favorables. Cette attention constante aux signaux faibles, qui annoncent le tarissement ou l’arrivée de nouveaux courants, est vitale. Si le vent faiblit, le cerf-volant tombe. L’entreprise peut mourir. L’entrepreneur n’a alors d’autre choix que d’en trouver de nouveaux, cohérents avec l’identité. A l’extrême, quand il n’y a plus de vent, l’heure de l’évolution a sonné. L’entreprise devra s’accorder au nouvel environnement. Identité/Offre et courants porteurs, telle est la dialectique permanente à laquelle est confrontée l’entrepreneur.

Ce dialogue, cette posture d’offre comme nous l’appelons chez Adrien Stratégie, est un art délicat que maîtrisent  les PME et ETI qui défient le temps et traversent les crises. Elles sont comme le banyan de Paul Claudel, « une hydre qui de la terre tenace s’arrache », qui « se dressant d’un tour d’épaule, emporte au ciel ses racines ».

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