À l’ère écologiste pressée par les crises multiples, le politique incite à la Responsabilité Sociale des Entreprises. L’individualisme semble être en voie de péremption. Nous réalisons que notre véritable force est dans la qualité du regard que nous portons sur ce et ceux qui nous entourent. Nous savons aussi combien cette approche « écosystème » délivre une puissance bien plus grande qu’une approche oublieuse du bien commun qui exploite davantage qu’elle n’édifie. La RSE semble donc une voie d’avenir.
Le sujet cependant fait sourire le patron de PME ou d’ETI souvent peu friand de jongleries sémantiques. « Pour moi, la RSE n’existe pas, c’est génétique, on n’a pas de certification mais on est responsable de notre environnement » nous confiait récemment un industriel du Centre de la France. Avec cette remarque pleine de bon sens réapparaît la dichotomie entre une RSE authentique et une RSE « marketing ».
Les PME et ETI sont en effet les M. Jourdain de la RSE, elles en font bien souvent sans le savoir. Par nature, elles sont plus dépendantes de leur environnement que les grands groupes car elles souffrent d’un accès plus difficile aux ressources et aux compétences.
« Dès lors, s’inscrire dans une relation de long terme, fidéliser les collaborateurs, établir des relations suivies avec un tissu de fournisseurs sont autant de pratiques qui permettent de sécuriser leur environnement et leur position »*.
Les contraintes que peuvent constituer leur petite taille et leur ancrage territorial deviennent paradoxalement des opportunités pour la pérennité. « Sans contraintes il n’est pas de progrè » affirmait William Blake. Devant composer avec le local et le temps long, elles sont de facto toujours face aux conséquences de leurs actes. Et comme « condamnées à être vertueuses », à faire advenir un écosystème en sympathie.
Sans s’être livrées à de savantes anticipations, elles se retrouvent aujourd’hui projetées à l’avant-garde des espérances écologiques et sociétales. La détonation de la crise écologique, en démasquant des profiteurs économiques, révèle aussi ces M. Jourdain vertueux. La province peut vraiment sourire et ajouter comme cet autre dirigeant : « Chassez le réel, il revient au galop ».
Auparavant silencieuses et comme oubliées, on les retrouve donc aujourd’hui dans la lumière. « Les pensées qui mènent le monde viennent sur des pattes de colombe » écrivait Nietzsche. Elles s’enhardissent à présent, conscientes de l’intérêt qu’elles suscitent auprès des nouvelles générations en quête de sens et de respect de l’environnement.
C’est d’ailleurs au fond, plus que l’innocence, cette même quête qui anime depuis toujours ces PME et ETI. Les contraintes subies sont aussi des contraintes choisies. Enracinées dans leur terroir, elles en goûtent au quotidien les responsabilités, envers les autres et la nature. Autant de bouffées d’authenticité qui les portent, qui dessinent un certain « art de vivre » dont elles pourraient difficilement se priver.
* Des entreprises qui défient le temps et les crises, Adrien Stratégie